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Antibiotiques, la fin du miracle.

Si le grand public commence doucement à considérer le problème du réchauffement climatique, quand est il du danger de la résistance aux antibiotiques ?

3 mars 2020

L'alerte n'est pas nouvelle, pourtant l'inquiétude croissante des scientifiques reste très prise à la légère par les lobbyistes...
Si le grand public commence doucement à considérer le problème du réchauffement climatique, quand est il du danger de la résistance aux antibiotiques ?
D’ici 2050 le nombre de décès liés à la résistance aux antibiotiques pourrait atteindre 10 millions par an.

Petits rappels:
Un antibiotique (du grec anti : « contre », et bios : « la vie ») est une substance naturelle ou
synthétique qui détruit ou bloque la croissance des bactéries.
Un grand nombre des antibiotiques existants sont constitués de molécules naturelles, fabriquées par des micro-organismes : des champignons ou d'autres bactéries. Ces dernières les produisent pour éliminer les bactéries concurrentes avec lesquelles elles sont en compétition.
Les antibiotiques agissent de manière spécifique sur les bactéries, en bloquant une étape essentielle de leur développement : synthèse de leur paroi, de l'ADN, des protéines, ou la production d'énergie, etc. Ce blocage se produit lorsque l'antibiotique se fixe sur sa cible, une molécule de la bactérie qui participe à l'un de ces processus métaboliques essentiels. Cette interaction entre l'antibiotique et sa cible est très sélective, spécifique des bactéries et ces composés ne sont en général actifs ni sur les champignons ni sur les virus.

Depuis l'antiquité on a pu recourir empiriquement à des moisissures se développant sur le pain, le soja... pour soigner des infections ; c'est cependant après l'adoption de la théorie des germes, puis sous l'impulsion de la théorie de l'évolution, que commence véritablement l'histoire de ce qui allait s'appeler les antibiotiques: les micro-organismes ayant été identifiés comme causes de maladies, les scientifiques se mirent à chercher des substances qui pourraient en inhiber, partiellement ou totalement, le développement.
L'introduction généralisée des antibiotiques après la Seconde Guerre mondiale a été l'un des progrès thérapeutiques les plus importants du XXè siècle. Les traitements antibiotiques ont fait progresser l'espérance de vie de plus de dix ans, soit plus qu'aucun autre traitement médical.
Source: Wikipedia

De la découverte de la penisiline aux dérives médicales, industrielles et au manque d'information.

Le bactériologiste écossais Alexander Fleming observe en 1928, alors qu'il cultive une souche de
staphylocoques les propriétés antibactériennes du penicillium. Il identifie une substance dans la
moisissure capable d'inhiber la prolifération de bactéries responsable de nombreuses infections

courantes.
Peu de temps après la seconde guerre mondiale voit naître son industrialisation à grande échelle.
Rapidement d'autres traitements antibiotiques voient le jour.
Durant plusieurs décennies, la médecine moderne sans est remise à ces molécules pour traiter des
affections jusqu’à présent incurables. Pendant la guerre du Vietnam, les soldats infectés par la blennorragie ("chaude-pisse") étaient soigné par la pénicilline sans se douter que cette maladie sexuellement transmissible développerait une résistance aux antibiotiques...

Penicillin was being mass-produced in 1944 (wikipedia)

Les abus de consommations d'antibiotiques n'ont alors fait que s'accentuer. La solution miracle motivant excès et détournements multiples commença alors à laisser entrevoir le sommet d'un iceberg dissimulant le pire à venir...

Très utilisés par l'industrie agroalimentaire dans le but d'accélérer la croissance des animaux (pratique interdite en Europe depuis 2006).

Ces antibiotiques (les même que ceux administrés aux humains) se retrouvent dans l'assiette des
consommateurs. Ce qui a pour conséquence d'accroître un peu plus encore la résistance des bactéries.
Cette pratique est encore plus que courante. Pourtant une étude demandée par le gouvernement
britannique en 1967, suite à une série de décès de nouveau-nés causés par une épidémie de
gastro entérite en Angleterre mettait en évidence pour la première fois le lien entre l’administration
d’antibiotique en agriculture animale et la résistance aux antibiotiques. Depuis aucune mesure sérieuse n'a réellement été imposée.

Le 12 mars 2019, arte diffusait « Antibiotique, la fin du miracle » dont nous avons volontairement repris le titre.

 

En 2019 les conséquences se révèlent plus que jamais catastrophiques.

En Allemagne 3 des 8 antibiotiques "de dernier recours" normalement préconisés pour la médecine humaine sont utilisés dans l'élevage.

Au Bangladesh (où le taux de mortalité par infection à l’hôpital de Dhaka est de 50% !) et en Inde, de nouvelles résistances les rendent désormais totalement inefficace. Dans les hôpitaux européens c'est l'inquiétante bactérie baptisée « Klebsiella pneumoniae » qui effraie.

Cette bactérie résistante classée parmi les 12 « agents pathogènes prioritaires ». Inoffensive dans l'intestin humain, elle devient dangereuse lorsqu'elle pénètre dans le sang ou les voies respiratoires. Elle peut alors provoquer des infections, comme des méningites.

Malheureusement urgente, la recherche consacrée à de nouveaux antibiotiques est largement évincée par les industries pharmaceutiques et financeurs, préférant se tourner vers d’autres secteurs plus prometteurs.

A terme, les antibiotiques ne seront peut-être plus d'aucune utilité dans le traitement des multiples
infections contre lesquelles ils sont utilisés aujourd'hui.

Antibiotiques la fin d'un miracle, le début d'un cauchemar...

De nouveaux espoirs:

Des chercheurs du MIT d’ Harvard ont annoncé, ce jeudi 20 février 2020, que l’une de ses intelligences artificielles (IA) a pu concevoir un antibiotique surpuissant. C'est une première.

Avec la capacité de « scanner des centaines de millions de composants chimiques » en seulement quelques heures, l’IA aurait créée un antibiotique capable de tuer une bactérie jusqu’alors indestructible: A. baumannii /Acinetobacter baumannii (de nombreux soldats revenant des guerres d’Irak et d’Afghanistan sont revenus avec cette maladie bactériologique, contre laquelle aucun antibiotique n’a jamais pu être trouvé jusqu’ici.)

Acinetobacter baumannii est une bactérie à Gram-négatif du genre Acinetobacter. Il s'agit d'un germe d'infection opportuniste chez l'Homme, particulièrement chez les personnes immuno-déprimées et que l'on trouve aussi comme agent de maladies nosocomiales où sa transmission est manuportée. (source et image Wikipédia)

Dans les deux boites du bas : la souche de la bactérie Escherichia coli face à un antibiotique existant. On voit qu’elle se développe sans problème car elle y résiste. Dans les deux boites du haut : cette même bactérie, face au nouvel antibiotique. La bactérie ne peut pas se développer. // Source : Collins Lab / MIT

Les résultats sur des souris infectées auraient donné des résultats bluffants (source- numerama).

« Nous sommes confrontés à une crise croissante autour de la résistance aux antibiotiques, et cette situation est générée à la fois par un nombre croissant de pathogènes devenant résistants aux antibiotiques existants, et par une [réduction des canaux consacrés] à de nouveaux antibiotiques dans les industries biotechnologiques et pharmaceutiques », estime James Collins, l’un des concepteurs de l’IA.

« Notre approche a révélé cette molécule incroyable qui est sans conteste l’un des antibiotiques les plus puissants ayant été découverts », affirme James Collins.

Rappelons qu’ils ait encore tôt pour s’avancer sur de telles nouvelles sans recul.
Des test sont encore en cours.

Illustration bannière : Les lapins sont, en nombre d’animaux, la deuxième espèce élevée en Europe © Gorb Andrii.

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