Les normes internationales en matière de droits humains fondamentaux proclament sans ambiguïté le principe d’égalité entre les femmes et les hommes. Cependant, dans les faits les droits des femmes varient au gré des cultures et des religions comme si la notion d’universalité ne s’appliquait pas à elles.
Dans le cas particulier du sport, des actions de lobbying ont été menées avec succès par l’Iran et des réseaux sportifs internationaux, afin d’obtenir des dérogations à l’application des règlements fondés sur des principes universels de non-discrimination et de neutralité. Sous prétexte d’inclure des femmes désireuses de concilier leur foi et leur activité sportive, ces dérogations ont consisté à accepter les limitations imposées par les théocraties islamistes à la pratique sportive féminine : corps totalement couvert, non mixité, accès aux seules disciplines compatibles avec la loi islamique. C’est le cas en particulier de l’Iran et de l’Arabie Saoudite qui ont institutionnalisé l’apartheid sexuel au détriment principalement des femmes.
L’irruption de ce modèle sportif discriminatoire et ségrégationnistes dans les stades, est devenu de ce fait un modèle « inspirant » pour les musulmanes, quel que soit leur pays d’origine. D’autant que des fabricants de vêtements et même de jouets ont vite compris l’intérêt de l’immense marché émergent qui s’ouvre à eux (1). Citons le lancement par Nike de la ligne de vêtements « Nike pro hijab» et par Mattel, le fabricant américain d’une « Barbie en hijab », à l’effigie de l’escrimeuse Ibtihaj Muhammad, première athlète américaine voilée et médaillée de bronze aux JO de Rio en 2016.
L’une des conséquences paradoxales de cette volonté affirmée par les instances internationales de pratiquer une politique « inclusive » dans le domaine du sport a été de reléguer les femmes et les filles, dans leur ensemble, parmi les groupes vulnérables. Ainsi la Charte internationale de l'éducation physique, de l'activité physique et du sport, révisée en 2015, proclame que « Tous les êtres humains, notamment les enfants d’âge préscolaire, les femmes et les filles, les personnes âgées, les handicapés et les populations autochtones, doivent se voir offrir des possibilités inclusives, adaptées et sans risque de participer à l’éducation physique, à l’activité physique et au sport ».
C’est pour dénoncer ce non-respect des principes éthiques universels inscrits dans la Charte Olympique que, à l’initiative de la Ligue du Droit International des Femmes, et avec le soutien de plus de 100 associations et plus de 350 personnalités, une lettre ouverte a été envoyée au Comité d’Organisation des Jeux de Paris 2024 exigeant un stricte application de la Charte et notamment de la règle 50 qui interdit toute expression politique, religieuse ou raciale dans tout lieu Olympique. Il est demandé que des sanctions soient prises à l’encontre des contrevenants comme cela avait été le cas à l’encontre de l’Afrique du Sud pour cause d’apartheid racial.
L’Institut de Recherche Thomson-Reuters estime le marché de la mode modeste à 484 milliards de dollars dans le monde de 2019 (cité par le supplément du Monde du «30 avril 2016 « la mode hisse les voiles »).
(1) L’Institut de Recherche Thomson-Reuters estime le marché de la mode modeste à 484 milliards de dollars dans le monde de 2019 (cité par le supplément du Monde du «30 avril 2016 « la mode hisse les voiles »).
Match Egypte-Italie au tournoi féminin de beach-volley des Jeux olympiques de Rio, en 2016. YASUYOSHI CHIBA / AFP
Laïcité : « Le sport, lieu d’apprentissage d’une règle unique »
Tribune Soutenue par un collectif de 380 personnalités et d’associations, Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes, appelle, dans une tribune au « Monde », le Comité d’organisation des JO de Paris 2024 à appliquer strictement la lettre de la Charte olympique.
(Florence Jacquet, autrice, féministe, fondatrice Alternatif World, signataire de cette tribune).